Le temps d'une après-midi, je me rends avec ma mère à Sarcelles, ville située dans le val d'Oise dans laquelle elle a vécu une partie de son enfance et où elle m'a donné naissance.
Ce moment sera l'occasion d'évoluer dans la ville à travers les regards de deux générations tout en la redécouvrant à travers nos souvenirs communs.
Story 1 /
Au cours de l’été 1960, ma mère, ses deux frères, sa soeur et ses parents emménagèrent dans ce qu’on appelait “les grands ensembles” à Sarcelles, une ville de la banlieue nord de Paris. Elle était considérée à l’époque comme un des symboles de l’urbanisation. Bordées à cette période de champs, ces constructions devaient permettre aux familles de vivre loin de l’agitation et de l’air malsain des grandes villes. Pour certains cela représentait des gros cubes entassés les uns à côté des autres, pour d’autres c’était le départ d’une nouvelle vie dans des logements neufs et confortables. L’école primaire fait face à leur immeuble. Dans la cour trône un dôme vert massif, que les enfants appelaient le champignon, ils accouraient sous celui-ci pour s’abriter de la pluie.
13 allée Pierre Marivaux, les 3 fenêtres en haut à gauche
Entrée de l'immeuble
L'abri champignon
Le gymnase
La centrale de chauffage faisant face à l'immeuble, ma grand-mère entendra une explosion qui fera un mort dans les années 60.
Story 2 /
Le centre commercial des Flanades fut construit dans les années 1970, il était le point de convergence pour une majeure partie des familles de Sarcelles et des alentours. Enfant j’ai longuement parcouru ses allées et me souviens encore du carrelage marron et beige composé de motifs représentant des lettres «L» ainsi que des mosaïques aux couleurs vives habillant les multiples entrées. Nous traversons ce qu’il en reste aujourd’hui, à savoir quelques boutiques aux devantures défraîchies pour certaines et un immense supermarché vers lequel tous les pas convergent. Une musique des années 80 résonne lors de notre passage dans la galerie et me replonge dans cette atmosphère particulière de mon enfance passée à déambuler dans cet endroit auparavant très fréquenté dans mes souvenirs. Sur la place je me dirige instinctivement pour voir si il reste des traces du premier cinéma ou nous allions, il est désormais muré, et de vieilles affiches sont restées emprisonnées derrière le plexiglass jauni par les années.
L'entrée principale du centre commercial des Flanades et son carrelage singulier.
Mon premier cinéma
Entrée carrelée
Une annexe de la mairie de Sarcelles, où nous avons passé beaucoup d’heures.
Le marché exotique couvert, lieu de découvertes.
70's - 1
70's - 2
La tête dans les nuages.
L’(aire de jeu) escalator menant au parking.
Immeuble encadrant la grande place.
Story 3 /
Je déambule seule à travers ces souvenirs, et en profite pour tenter d’imprimer ce que mon regard ne voyait pas enfant. Le temps clément fait contraste avec l’esthétique parfaitement géométrique des immeubles grisonnants. Les volets patinés par le temps, les peintures passées, participent à renforcer cette atmosphère désertique où les quelques tissus, paraboles et mobilier qui trônent aux fenêtres et aux balcons font écho à la présence humaine.
Torchonisme
Parabolisme
Plaquisme
Tâchisme
Tapisme
Story 4 /
L’orage nous accompagne sur le chemin du retour, il donne aux barres d’immeuble une dimension dramatique. Nous repartons par l’un des premiers centres commerciaux enclavé dans la cité où habitait ma famille. Profitant du récit de ma mère je photographie les quelques commerces qui ont traversé le temps de ses souvenirs.
Sur le côté droit se trouvait l’épicerie principale.
La grue dans les nuages.
Les enseignes de pharmacie du passé et du présent cohabitent.
Le départ